Collection Peniarth

Hengwrt Mansion a aujourd’hui disparu. Seul un petit hameau subsiste.

Parmi les cinq cents manuscrits de cette magnifique collection, quatre volumes sont particulièrement fondateurs, car en sont issues les principales légendes galloises. Cette célèbre collection fut conservée plusieurs siècles au manoir d’Hengwrt près de Dolgellau par la famille Vaughan. William Wynnes Peniarth en devient propriétaire en 1859 par héritage et la vend à John Williams qui en fera don à la Bibliothèque Nationale. La collection porte aujourd’hui son nom.

Peniarth 1 : Black Book of Carmarthen (Le Livre Noir de Carmarthen ) – écrit vers 1250

Carmarthen est une ville au sud du Pays de Galles, à l’endroit où peut-être se trouvait un prieuré où aurait été écrit le manuscrit. C’est un recueil d’une quarantaine de poèmes mythologiques et légendaires. Il serait ainsi le plus ancien des manuscrits écrits en gallois. On y trouve une des premières mentions du roi Arthur et de Merlin (ou Myrddin), notamment dans des prédictions, des chants et des élégies, ainsi qu’un poème nommé “Dialogue entre Myrddin et Taliesin”. Un autre poème célèbre évoquant la submersion d’un royaume dans la Baie de Cardigan y est également écrit. Le roi Gwyddno Garanhir y est le roi qui joue le rôle de Gradlon dans la version bretonne de cette légende, la légende de la ville d’Ys. Nous retrouvons Gwyddno Garanhir dans le Conte de Taliesin, père du héros, Elffin, qui recueille Taliesin, futur « king of Bards ».

Peniarth 2 : Book of Taliesin (Le Livre de Taliesin ) – XIIIe et XIVe siècle

Ce dernier manuscrit, peut-être le plus célèbre, est une collection de poèmes, dont certains sont directement attribués au poète Taliesin, qui aurait vécu au VIe siècle. Certains de ces poèmes sont des louanges au roi Urien Rheged et à son fils Owain ab Urien. Ils ont été édités en gallois par Ifor Williams en 1960, dans un recueil intitulé Canu Taliesin, puis traduits en anglais en 1968, The poems of Taliesin. Les autres poèmes, au nombre d’une quarantaine, plongent le lecteur dans la mythologie galloise que l’on retrouve dans les Mabinogion. On y retrouve le magicien Gwydion, sa sœur Aranhrod, son neveu Lleu Llaw Gyffes ainsi que sa femme Bloddeuwedd.

On y trouve également le très célèbre, Cad Goddeu, le combat des arbres. Ce combat des arbres, à qui Robert Graves dédie une part importante de son ouvrage Les Mythes Celtes, a inspiré nombre d’auteurs modernes spécialistes de culture celte comme J.R.R. Tolkien dans Le Seigneur des Anneaux, ou C.S. Lewis dans Le Monde de Narnia.

J’ai revêtu plusieurs aspects,

Avant d’atteindre ma forme naturelle.

J’ai été le fer étroit d’une épée.

J’ai été une goutte dans l’air.

J’ai été une étoile scintillante.

J’ai été un mot dans un livre.

J’ai même été un livre au début. (…)

Livre de Taliesin, Le Combat des arbres, traduction Robert Graves

Peniarth 4 et 5 : White Book of Rhydderch (Le Livre Blanc de Rhydderch ) – écrit vers 1350

Il fait aussi partie des plus anciens manuscrits de langue galloise. À la fin du Moyen Âge, il a été séparé en deux recueils, connus aujourd’hui sous le nom de Peniarth 4 et Peniarth 5. C’est dans Peniarth 4 que se trouvent les textes les plus intéressants, les contes et récits des Mabinogion, qui constituent la trame principale des légendes galloises. Ce recueil a certainement été constitué pour Rhydderch ab Ieuan Llwyd, un barde et poète gallois originaire du sud du Pays de Galles.