Théodore Hersart de La Villemarqué, Le Barzhaz Breizh (ou Barzaz Breizh ou Barzaz Breiz)

Théodore Hersart de La Villemarqué - Le Barzhaz Breizh

Tout comme Emile Souvestre et son oeuvre Le Foyer breton, Th. Hersart de La Villemarqué (1815 – 1895), originaire de Quimperlé, philologue français et spécialiste de la culture bretonne, va faire oeuvre d’un collectage minutieux dans son oeuvre Le Barzhaz Breizh (ou Barzaz Breizh), qui sera à l’origine de la renaissance littéraire bretonne. Il va en effet transcrire un patrimoine écrit basé sur une littérature orale, celle des chants populaires de la Bretagne. Et il va notamment lui aussi recueillir la légende de la submersion de la ville d’Ys, un peu après Emile Souvestre. Anatole Le Braz le suivra dans cette mouvance quelques années plus tard. Ce sont  ces deux premières versions qui seront reprises et développées plus tard tout au long du XXe siècle dans des versions romancées par Charles Guyot (1926), Georges-Gustave Toudouze (1948), Henri Queffélec (1962), Michel Le Bris (1982).

Th. Hersart de La Villemarqué publie lui-même sa première édition du Barzhaz Breizh en 1839, qui se vendra à 500 exemplaires. La deuxième édition de 1845, celle dans laquelle apparait la légende de la ville d’Ys, sera vendue à 2000 exemplaires. Enfin, la dernière édition de 1867, celle sur laquelle les livres actuels son basés, a été vendue à l’époque à 2500 exemplaires.

Les chants du recueil (traduits en français à partir de textes bretons dans la version de 1867) se composent de trois parties :

  • dans la première, on trouve les chants mythologiques, héroïques, historiques et des ballades, incluant notamment la légende de la submersion de la ville d’Ys
  • dans la deuxième partie, on trouve des chants de fêtes et d’amour
  • dans la troisième partie, ce sont des légendes et chants religieux (on retrouve notamment la légende de Saint Ronan, faisant partie de la légende de la ville d’Ys chez Charles Guyot, ou Michel Le Bris par exemple ; la légende du saint est également particulièrement détaillée quelques années après le Barzhaz Breizh dans « Au Pays des Pardons » de l’écrivain Anatole Le Braz)

Dans le recueil de 1867, chaque chant est précédé d’un « argument » et suivi de « notes » écrits par l’auteur, qui apporte ainsi son éclairage et une mise en perspective des chants collectés. L’auteur écrit la ville d’Ys : Is.

Submersion de la ville d’Is dans le Barzaz Breizh

C’est un chant très court, composé de cinq strophes qui conte les dernières heures de la légende. Dans son « argument », l’auteur pose le décor : Gradlon vit dans sa capitale Ker-Is, défendue contre les invasions de la mer par un bassin immense, aux portes secrètes dont Gradlon détient les clefs. Une nuit, sous l’influence d’un amant endiablé, Dahut dérobe les clefs pour aller ouvrir les portes de l’écluse. Le saint personnage de ce chant est Saint Guénolé (c’est Saint Corentin chez Emile Souvestre) passe pour avoir prédit ce châtiment.

« Ne vous livrez point à l’amour ; ne vous livrez point aux folies. Après le plaisir, la douleur ! »

Dans la première strophe du chant, l’homme de Dieu parle aux habitants d’Is en les mettant en garde.
Dans la deuxième strophe, à l’issue d’un festif banquet, le roi Gradlon se retire et l’amant susurre à l’oreille de Dahut d’aller quêter les clefs au cou de son père.
Dans la troisième strophe, Dahut va dérober les clefs de la digue.
Dans la quatrième strophe, l’eau est lâchée, la ville est submergée et quelqu’un invoque au roi de se lever pour s’enfuir, tout en maudissant Dahut.
Dans la cinquième strophe, l’on comprend que Gradlon a fui, « rapide comme le feu », et que de Dahut, l’on n’entend plus que « ses chants plaintifs comme les flots ».

Villes englouties dans la mythologie celte

Th. Hersart de La Villemarqué note que parmi les légendes celtiques, celle-ci remonte au berceau de la race, car on la retrouve chantée chez les poètes bretons, gallois et irlandais. On la trouve localisée en Armorique, en Cambrie dans la Baie de Cardigan, comme en Irlande. Henri Queffélec sera sans doute celui parmi les interprètes de la légende qui prendra le plus au sérieux le caractère authentique de la submersion. Il donne à sa version un réalisme, un ancrage dans une réalité géographique qui a été plus poussé qu’ailleurs.