
La légende de la ville d’Ys raconte comme un roi nommé Gradlon qui régnait sur la pays de Cornouaille, avait épousé une déesse du Nord, Malgven, qui mourut en pleine mer en mettant au monde une fille appelée Dahut. Dahut et Gradlon vivaient à Quimper, capitale de Cornouaille. En grandissant, Dahut devint une très belle femme, à la beauté sauvage, aussi sauvage que l’Océan auquel elle pensait appartenir, étant née en mer.
Agacée par l’influence de l’évêque Corentin et du moine Guénolé sur son père le roi et sur le territoire de Quimper, Dahut demanda un jour à Gradlon de lui construire une cité sur la mer, pour elle seule. Le projet était grandiose, et par amour pour sa fille, le père exécuta en secret ses désirs.
La ville d’Ys était une ville magnifique, qui devint vite très riche. A cette richesse s’ajouta bientôt la luxure, à l’image de la vie sulfureuse que Dahut embrassa peu à peu. Aux amants qui se multipliaient dans sa couche s’ajoutaient des meurtres.
Corentin, voyant d’un mauvais œil cette cité pleine de débauche, envoya Guénolé pour rétablir l’ordre, sans succès. Le diable en personne finit par s’y inviter et mena la ville et sa princesse à leur perte, toutes deux englouties par la mer, restituant ainsi Dahut à l’Océan.
La légende de la ville d’Ys, l’allégorie de la fin d’une époque
Cette légende représente la fin du monde celte dans sa forme initiale, avec sa mythologie et ses divinités. A partir des Ve et VIe siècle, c’est désormais le christianisme qui prend la relève spirituelle chez ce peuple toujours bien présent au Pays de Galles, en Irlande et en Bretagne.
LA légende de la ville d’Ys dans la littérature
Ce sont Emile Souvestre et Théodore Hersart de la Villemarqué qui ont fait connaître au public, notamment parisien, cette légende qui jusqu’au milieu du XIXe siècle n’était transmise qu’au coin du feu dans la plus pure tradition bretonne. Anatole Le Braz s’en est lui aussi emparé peu après E. Souvestre et Th. Hersart de la Villemarqué. Depuis, la légende n’a cessé d’inspirer auteurs et artistes. Les parisiens Charles Guyot en 1926 et Georges-Gustave Toudouze en 1948 en ont d’abord produit deux versions très étendues, puisque l’on est passé de textes de quelques paragraphes à de vrais romans. Ce sont ensuite des bretons, Henri Queffélec en 1962, et Michel Le Bris en 1982 qui se sont appropriés la légende. Avec Henri Queffélec, on est sur un roman presque historique : la submersion de la ville d’Ys est pour lui une réalité. Avec Michel Le Bris, on plonge dans une version allégorique, le passage d’un monde à l’autre.
Les personnages
Les personnages de la légende sont :
- Dahut, la princesse rebelle, la fille chérie du Roi Gradlon, qui défit le christianisme naissant en régnant sans partage sur sa ville d’Ys
- Le Roi Gradlon, roi mythique de Cornouaille, successeur de Konan Meriadec, premier roi breton d’Armorique
- Saint-Guénolé, fondateur de l’abbaye de Landévennec, infatigable acteur de l’évangélisation vaine de la ville d’Ys
- Saint-Corentin, premier évêque de Quimper, nommé par le Roi Gradlon
- Saint-Ronan, ermite fondateur de Locronan, contemporain de Gradlon qui fait partie de la légende officielle de Saint-Ronan, participant occasionnel à la légende selon les auteurs (Charles Guyot, Henri Queffélec, Michel Le Bris)