Emile Souvestre, Le Foyer breton

Emile Souvestre - Le Foyer breton

Au XIXe siècle, Emile Souvestre (1806 – 1854), écrivain et journaliste breton, recueille dans le Pays de Cornouaille (le troisième foyer de son ouvrage) la légende de la ville d’Ys (1844). Dans la mouvance du renouveau populaire à travers toute l’Europe, et notamment de la renaissance culturelle bretonne, Emile Souvestre devient collecteur de la mémoire orale des bretons et entreprend plusieurs voyages dans la région pour aller écouter les habitants, tout comme le fit aussi Théodore Hersart de la La Villemarqué, puis un peu plus tard Anatole Le Braz.

Emile Souvestre va ainsi rassembler une quantité considérable d’informations, de coutumes, d’usages, de contes et de légendes celtiques, mais aussi de données plus géographiques et économiques, qui vont lui permettre de remettre au goût du jour l’intérêt pour les traditions populaires. Ces traditions, nées de tout un chacun, se veulent finalement universelles, car elles parlent à tout le monde (contrairement aux faits historiques qui ne touchent pas forcément toute la population).

Son oeuvre, Le Foyer Breton, comporte quatre foyers, qui correspondent aux quatre régions de Basse-Bretagne : le Trégor, le Léon, la Cornouaille, le pays Vannetais.

C’est un vieux pêcheur qui va lui conter la légende de Keris ; l’on retrouve dans ce récit les éléments connus de la légende, l’imagination populaire y ayant aussi laissé quelques traces et détails sans doute un peu éloignés des origines de la légende. Mais c’est aussi ce qui va la construire au fil du temps, et qui inspirera d’autres écrivains plus tard au XXe siècle, comme Georges-Gustave Toudouze, Henri Quéffelec ou encore Michel Le Bris.

La légende de la ville d’Ys chez Emile Souvestre

Grallon fait la rencontre de Corentin et de son poisson miraculeux. Le roi nomme le saint évêque de Quimper et le laisse maître de la cité ; Grallon quant à lui décide de s’exiler à Is, cette ville située dans la baie de Douarnenez.

Sa fille Dahut (aussi nommée Ahès) y vit et porte à son cou les clefs d’argent qui ferment la digue. C’est une grande magicienne, qui a embelli considérablement la ville et l’a rendue fastueuse. Les fêtes règnent en son palais ; Dahut y convoite de nombreux amants, qui tous périssent à chaque lever de jour, sous l’emprise d’un masque magique. Leur corps est alors jeté dans un précipice, entre Huelgoat et Poulaouen.

Alors que le roi Grallon vit reclus dans une aile du palais, Corentin quant à lui est terriblement agacé par la vie tumultueuse menée à Is. Un jour un prince vêtu de rouge se présente dans la ville ; il mènera Is et sa princesse à leur perte, en dérobant les clefs d’argent au cou de la princesse.

Corentin viendra chercher Grallon, alors que les eaux vont tout engloutir, en disant : « Dieu a livré cette ville maudite au démon ». Dahut s’agrippera sur les flancs du cheval de Grallon, l’arrêtant aussitôt dans sa fuite. Corentin pousse Dahut dans les flots et le cheval parvient à s’enfuir, avec le roi Grallon.

Ce récit assez court, mais toutefois plus long que celui que l’on trouve dans le Barzhaz Breizh de Théodore Hersart de la Villemarqué, reste poétique et étonnant, comme les autres récits qui composent ce recueil que certains ont classé comme les « Mille et une nuits » de la Bretagne. C’est, sans conteste, une plongée palpitante dans l’univers imaginaire de la littérature populaire bretonne.