Anatole Le Braz, Magies de la Bretagne

Comme ses prédécesseurs, Emile Souvestre et Théodore Hersart de La Villemarqué, l’écrivain breton Anatole Le Braz (1859 – 1926) s’est lui aussi intéressé à la légende de la ville d’Ys, à Dahut et au roi Gradlon, en recueillant différentes anecdotes racontées par les habitants de la région.

Les villes englouties chez Anatole Le Braz

La légende de la mort - Anatole Le Braz

C’est en 1893 que parait pour la première fois le recueil « La légende de la mort chez les Bretons armoricains » dans lequel l’écrivain breton originaire des Côtes d’Armor (anciennement Côtes du Nord) rassemble une large collection de témoignages, vacillant entre imaginaire et réel, sur les rapport de l’homme avec la mort, au cœur des légendes celtiques.

Constitué de vingt-deux chapitres, l’on trouve au chapitre XI, « Les villes englouties », détaillées ainsi :

  • La ville d’Is : plusieurs anecdotes sont restituées sur la légendaire ville d’Ys qui gît aux fond de la mer dans la baie de Douarnenez, ainsi que sur la princesse Dahut – ou Ahès.
  • Mary Morgane : une anecdote d’un pêcheur de l’Ile de Sein est contée, à propos de Mary Morgane, la sirène que serait devenue Dahut une fois engloutie dans les flots, et qui hante les flots entre la Pointe du Raz et l’Ile de Sein.
  • Les jardins de Ker-Is : il s’agit ici de descriptions de la ville et de ses jardins qui se seraient étendus bien loin au-delà de la Baie de Douarnenez puisque les conteurs de ce chapitre habitaient plutôt au nord du Finistère, ou dans les Côtes d’Armor.
  • Les marchands de Ker-Is : une aventure contée sur une femme qui découvrit par magie la majestueuse ville d’Is, ses marchands et son opulente richesse, puis qui mourut quelques semaines plus tard.
  • La vieille de Ker-Is : il s’agit ici d’une vieille dame qui aurait su réveiller la cité engloutie.

Chacun des écrivains du XIXe siècle qui se sont intéressés à la légende de la ville d’Ys ont trouvé leur manière de l’écrire et de la retracer : Th. Hersart de La Villemarqué l’a retranscrite sous forme d’un chant de cinq strophes, qu’il a ensuite amplement annoté; Emile Souvestre quant à lui l’a contée sous forme d’un récit plus détaillé. Anatole Le Braz, lui, a restitué les paroles des habitants-conteurs, des fragments d’histoires et de croyances populaires, sans que la légende ne soit complètement contée.

Magies de la Bretagne

Le recueil « La légende de la mort chez les Bretons Armoricains » fait partie d’un ouvrage encore plus important, intitulé « Magies de la Bretagne », dans lequel l’on trouve également d’autres mentions qui se rapportent à la légende de la ville d’Ys, notamment:

  • dans « Récits de passants », l’on découvre un très beau texte « La Noël de Jean Rumengol », un des derniers bardes bretons qui chantait avec passion et foi, le mystère des villes englouties au large de la Bretagne et qui transporte le lecteur du haut de la montagne du Ménez-Hom jusqu’à la mystérieuse Baie de Douarnenez.

Au pays de pardons, Anatole Le Braz

  • dans « Au Pays des Pardons », deux pardons sont vécus par l’écrivain et dépeints de façon précise, poétique et presque magique : dans le Pardon de la Montagne, l’histoire de Saint-Ronan est reprise et détaillée (plus amplement que dans la version du Barzhaz Breizh de Th. Hersart de La Villemarqué), ainsi que la Troménie qui se situe autour de Locronan ; dans le Pardon de la Mer, c’est à Sainte-Anne La Palud qu’on se situe, l’écrivain y a recueilli l’histoire de Sainte-Anne, et a vécu lui-même un pardon en ces lieux et décrit magnifiquement l’atmosphère qui y régnait, incluant notamment le mystère envoûtant des eaux de la baie de Douarnenez et de sa princesse Dahut, assimilée à une personnification même de la mer. Dans certaines versions de la légende, c’est à Sainte-Anne La Palud que le roi Gradlon et Saint Guénolé auraient touché terre après la submersion de la ville d’Ys.

Tout comme Emile Souvestre et Th. Hersart de La Villemarqué, Anatole Le Braz a lui aussi contribué amplement au renouveau et à la renaissance de l’identité bretonne, en réveillant, à travers ses textes poétiques et les légendes celtiques, « les mythes endormis et les fantômes oubliés qui peuplent les nuits de la Bretagne secrète »…